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Le travail contre nature

Centrafrique, 35 ans plus tôt…

Dans Le travail contre nature (article "Le patron du travail", page 171), je fais référence à un texte que j'avais rédigé en 1980 sur les multiples effets induits dans une société traditionnelle par des modalités de développement agricole qui lui sont profondément étrangères. J'avais perdu ce document, mais Joseph, l'ami qui l'avait publié en 1981 dans une revue luxembourgeoise, me l'a renvoyé.

Vous le trouverez ci-dessous, dans sa version originale (soulignée par lui), ainsi que dans une version téléchargeable sur liseuse. Bien que j'ai été tenté, pour des raisons de forme et de fond, de changer ici ou là ce texte, j'ai finalement préféré m'abstenir. C'est donc un témoignage vintage, d'idées que j'avais alors à l'esprit.

Images

Le langage, condition du travail [« Le travail contre nature »]

essai
La Tour de Babel, Pierre Brueghel l’Ancien, vers 1563

L’intention de Breughel dans ce tableau reste énigmatique. Tout semble paisible ; les ouvriers s’affairent en de multiples points de la scène. La ville s’active, les matériaux arrivent ; des tailleurs de pierre rendent hommage au roi Nemrod. L’ordre règne donc, mais rien ne va, sans que  personne ne semble s’en apercevoir ou s’en inquiéter. Le chantier progresse de manière anarchique. Des rampes en spirale courent le long des façades extérieures sur lesquelles les murs porteurs sont construits perpendiculairement. La gigantesque tour qui occupe l’espace et les hommes, apparemment si solide, ne peut qu’inexorablement pencher et le projet échouer. Les tons froids, bleus et verts dominent, comme un mal invisible. 

Les hommes sont divisés ; ils ne se comprennent plus et ne savent donc plus travailler ensemble. C’est une calamité – et une leçon – que le Dieu de la Bible envoie aux hommes dans une célèbre parabole :

« Toute la terre une seule bouche les mêmes mots (…)

Chacun dit à l’autre Ah fabriquons des briques et des fours pour les enfourner (…)

Ils disent Ah construisons-nous une ville et une tour sa tête touchera le ciel (…)

Yhwh descend pour voir la ville et la tour construites par les fils de l’adam

Yhwh dit Tous ensemble ils commencent à ne faire plus qu’une seule bouche et qu’une seule communauté rien ne leur sera impossible

Ah Descendons tout brouiller dans leur bouche que chacun ne comprenne plus la bouche de l’autre (…)

On l’appelle Babel car ici Yhwh a tout brouillé dans la bouche de toute la terre et de là a fait se disperser tout le monde sur toute la terre »

Genèse,11, 1 – 9

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